lundi 13 décembre 2010

Générer du trafic en points de vente : le mobile au coeur de la relation client

1 - INTRO : LE MOBILE, UN MEDIA A LA FOIS DE PROXIMITE ET PERSONNEL

L’une des spécificités du mobile est d’être à la fois un média de masse et personnel. Le succès des smartphones et des forfaits données illimités expliquent le boom des usages : selon la récente étude « Profiling 2010 » d'Ipsos MediaCT parue le 30 septembre 2010, la France compte aujourd'hui 25% de mobinautes, contre 14% en 2009. Mais le mobile est également devenu un véritable terminal multicanal qui s'apparente à un assistant de poche. Son propriétaire entretient une relation très personnelle avec ce média qu’il ne partage avec personne. Les marques peuvent ainsi l’utiliser efficacement pour instaurer un dialogue individuel avec le consommateur.

Autre point fort spécifique au mobile :
la possibilité pour les marques de nouer une relation contextualisée, en fonction du moment et du lieu où le consommateur se trouve. D’autant plus que les usages de l’Internet mobile sont bien souvent liés à des recherches pratiques et de proximité, comme a pu le constater le groupe PagesJaunes, dont l'application mobile s'est déjà écoulée à plus de 3 millions d'exemplaires. Dans une interview parue sur le site du Journal du Net (25/10/2010), Julien Billot, son Directeur général Adjoint révèle que les recherches via les sites et applications mobiles de pagesjaunes.fr se concentrent sur les sorties, le divertissement, la restauration et les achats de proximité. Un constat confirmé par le sondage Ipsos qui dévoile que les mobinautes sont prioritairement intéressés par des informations et des bons plans en temps réel et à proximité du lieu où ils se trouvent, de la part de bars et restaurants (69%) mais aussi concernant les sorties et spectacles (63%), le non alimentaire (57%) et l'alimentaire (50%).
Dans ce contexte, le mobile devient le média de création de trafic en points de vente idéal, auprès d'une clientèle captive, déjà en situation de mobilité.


2 - CAMPAGNES SMS/MMS : L’OUTIL PREFERE DES MARQUES

2.1 UN BON ACCUEIL DES MARQUES ET DES CONSOMMATEURS

L’usage par les marques des SMS et MMS s’est rapidement démocratisé avec 100% des appareils mobiles compatibles SMS et environ 60% compatibles et configurés pour la réception de MMS. Aujourd’hui massivement utilisés pour attirer en points de vente, les SMS et MMS ont rejoint la palette des outils marketing au service des annonceurs. Selon Benoît Corbin, Président d’Ocito et Président de la Mobile Marketing Association France « les SMS/MMS représentent encore plus de la moitié des investissements en marketing mobile des annonceurs. 1 milliard de SMS sont envoyés chaque année par les marques aux consommateurs Français : 50% des ces messages mobiles ont une vocation marketing ou délivrent un service, les 50% restants relèvent du domaine de l'industrie des contenu».
Un nouveau vecteur de communication séduisant pour les marques bien sûr. Mais aussi pour les consommateurs. Selon la dernière enquête AFMM/Médiamétrie, 80,7% des équipés mobiles seraient ainsi intéressés par la réception de SMS de la part d'entreprises (tous types de SMS confondus). Parmi eux, les SMS délivrant une information ou assimilés à un service sont les plus plébiscités (72%). Mais 40% des interrogés déclarent tout de même leur intérêt pour des SMS commerciaux. Et plus particulièrement s'il s'agit de « bons plans » (réductions, avantages, etc.). Une chiffre encore en hausse lorsqu'il s'agit de SMS géolocalisés (46,2%).

2.2 UN RAPPORT COUT/EFFICACITE IMBATTABLE

Location de base clients, impression, mise sous pli, affranchissement, routage : d'un coût particulièrement élevé, le mailing papier subit de plein fouet la concurrence de l'emailing, dont les tarifs, très variés, peuvent être 10, 15, 20 fois moins élevés selon les prestataires retenus. Pour un taux d'ouverture moyen, selon Experian CheetahMail France, de près de 18% (second semestre 2009) mais très versatile selon les secteurs : 12% pour les pure players internet jusqu'à 28% pour le secteur bancaire. Le taux de clic moyen s'établit quant à lui, sur la même période, à 3,76%. D'un coût légèrement supérieur, pouvant aller de 65 à 80€ pour 1000 envois, les campagnes SMS se caractérisent par un taux d’ouverture record (95%) selon la Mobile Marketing Association, et un taux de clic sur les messages d'environ 10%. Mais c'est surtout dans la génération de trafic en points de vente que les campagnes mobiles SMS et MMS tirent particulièrement leur épingle du jeu. Avec parfois jusqu'à 30% des clients sollicités par le média mobile qui se sont déplacés en magasin et ont procédé à un achat.

2.3 COMMENT ATTIRER EN POINTS DE VENTE GRACE AUX CAMPAGNES SMS / MMS

2.3.1 De multiples possibilités
Pour attirer les consommateurs dans leurs points de vente, les marques peuvent déployer des campagnes SMS/MMS répondant à des objectifs variés :
• la promotion : bons de réduction, relai d'opérations commerciales en cours, invitations à se rendre en point de vente pour retirer un cadeau, etc.
• les services : ce sont tous les services offerts au client, telle que la disponibilité d'un produit en magasin par exemple dont la marque peut profiter pour inciter à l’achat,
• le programme relationnel : dans ce cas, il s'agit principalement de rythmer le cycle de vie de la relation client, par un message de bienvenue lors de son inscription au programme fidélité par exemple, ou encore de lui faire parvenir une invitation pour une vente privée de déstockage si la cliente ne s’est pas rendue en point de vente depuis longtemps… Selon Damien Bousson, CEO d’Apocope, agence de marketing mobile : « le SMS est souvent associé à d'autres outils dans le cadre de campagnes multicanaux. Ainsi l'envoi d'un SMS peut suivre ou précéder celui d'un mail ou d'un courrier papier : SMS de teasing, de rappel d'une offre, etc. Mais les campagnes SMS/MMS peuvent aussi se suffir à elles-mêmes pour relayer leurs offres promotionnelles ou leurs opérations commerciales en points de vente. »

2.3.2 Succès du m-couponning
Avec les SMS et MMS, le couponning semble aujourd'hui avoir trouvé l'un des supports qui semble lui convenir le mieux. Le m-couponning (pour mobile couponning) fait même mieux que le e-couponning pourtant déjà plébiscité par les marques puisque supprimant les frais d'impression et d'acheminement. Au coût réduit, le m-couponning ajoute en effet une simplicité d'utilisation encore plus grande pour les clients : plus besoin d'imprimer, il suffit de présenter directement sur son portable le coupon de réduction à la caisse. Sans compter que le portable, les clients l'ont toujours sur eux, ce qui peut favoriser l'achat impulsif. Au contraire d'une impression qui demande une action du consommateur. Aussi efficace en conquête qu'en fidélisation à la marque, le couponning est aussi particulièrement utile quant à l'analyse des campagnes (traçabilité du trafic en points de vente) et des comportements des clients.

2.3.3 L’exemple de Conforama.fr
Les marques plébiscitent les messages mobiles, désormais intégrés à leur palette d’outils de marketing direct à l’image de Conforama. En complément de ses autres canaux de marketing direct, l’enseigne utilise régulièrement le SMS, en écho au plan commercial de l’année (soldes par exemple) mais aussi comme teasing pour ses campagnes promotionnelles. Tom Belotte, Responsable Marketing Relationnel de Conforama révélait lors de l’atelier, chiffres à l’appui, que « c’est couplé aux autres canaux de marketing direct – mailing papier et emailing - que le SMS était le plus efficace comme générateur de trafic en point de vente. Nous avons envoyé 3 millions de SMS en 2010, avec comme limite, 1 SMS maximum par mois et par client. Le taux de transformation oscille lui entre 3% et 30% selon la qualité de la base des destinataires, l’offre proposée, l’heure d’envoi et la qualité du message ». La base de données opt’in de Conforama comprend plusieurs millions de contacts. Elle intègre deux fois plus de numéros mobiles que d'emails. Ces informations sont collectées au moment où le client procède à ses achats. Conforama.frdéploie à la fois des campagnes SMS nationales mais également locales à la demande des responsables de magasins de son réseau. L’analyse des objectifs et des cibles visées détermine la nature des campagnes déployées : l’envoi de SMS une fois par mois pour répondre à une faible fréquentation du point de vente, l’envoi d’un bon d’achat supérieur aux montants habituellement dépensés pour répondre à un faible panier moyen d’achat, l’envoi de SMS à une cible élargie pour augmenter le nombre de clients récurrents, etc.

3 LES AUTRES OUTILS MOBILES POUR ATTIRER EN POINTS DE VENTE

Au côté du raz de marée des campagnes SMS et MMS, d'autres outils mobiles peuvent être utilisés par les marques pour dynamiser leur trafic en points de vente.

3.1 LES PREMICES DE LA GEOLOCALISATION
En matière de génération de trafic en points de vente, quoi de mieux qu'un client captif ? Un client captif tout près de son point de vente ! C’est le principe de la géolocalisation qui permet de localiser précisément le consommateur, sous réserve qu’il ait explicitement donné son accord pour être géolocalisé.

3.1.1 – Un outil mobile au potentiel énorme
La géolocalisation est une fonction spécifique au média mobile qui devrait faire le bonheur des annonceurs locaux dans les prochaines années, mais aussi des clients qui manifestent un fort intérêt pour des offres promotionnelles géolocalisées. On imagine aisément l’efficacité de la géolocalisation pour drainer du trafic dans les points de vente, aussi bien dans les grands réseaux que dans les boutiques indépendantes ou auprès de professionnels locaux. Ce potentiel immense qu’ouvre le média mobile en matière de publicité locale n’a d’ailleurs pas échappé à des géants du Web comme Google, Facebook, PagesJaunes.fr , entre autres. Tous avancent actuellement leurs pions pour tirer partie de ce marché prometteur.
Deux formats publicitaires émergents autour de la géolocalisation :
- Les messages mobiles, en mode push, dans une logique de marketing direct. Le client ayant accepté d’être géolocalisé et intéressé par des offres spéciales sur son mobile par exemple reçoit des messages SMS ou MMS alors qu’il entre dans la zone de chalandise d’un point de vente d’un annonceur. C’est sur ce principe que repose l’offre « Mobile Street Marketing » de SFR Régie présentée.
- La publicité mobile géolocalisée, en mode pull, dès lors que le mobinaute se connecte à une application ou sur un site mobile. Elle permet de diffuser des campagnes publicitaires de proximité à des prospects entrant dans la zone de chalandise d'un lieu (point de vente, administration, lieu touristique…). Elle peut relayer l’adresse du lieu à proximité ou guider le consommateur vers celui-ci, proposer des offres promotionnelles.
La géolocalisation n’en est qu’à ses débuts mais ouvre des perspectives marketing passionnantes.

3.1.2 – Mobile Street Marketing de SFR Régie
Présentée lors de l’atelier AFMM, SFR Régie a récemment lancé une offre innovante au service des annonceurs baptisée Mobile Street Marketing, capitalisant sur la géolocalisation. Le concept : lorsqu'un client entre dans une zone située à moins de 200 mètres d'un point de vente, il reçoit automatiquement un message qui le redirige vers un mini-site détaillant une offre promotionnelle et l'adresse exacte du point de vente le plus proche.
La présentation de SFR Régie a suscité un fort intérêt de la part des personnes présentes à l’atelier. La base de données mobiles de SFR Régie comprend 4 millions de clients SFR, optinés, ayant volontairement et explicitement accepté de recevoir des offres promotionnelles sur leur mobile. « Mobile Street Marketing » est la seule offre publicitaire mobile géolocalisée en Europe actuellement d’après SFR Régie. Leurs campagnes peuvent être assimilées à des opérations de Street Marketing, le consentement et le ciblage des destinataires en plus. Surtout, leur coût est 30 à 50% moins élevé en moyenne que la distribution physique d’un flyer dans la rue selon Jean-Philippe Piau de SFR Régie « il en coûte environ 0,80€ par message envoyé et par contact unique. Mais l’un des enjeux majeurs pour nous est d’apprendre à gérer la pression marketing multi-marques globale pour un même client. Nous sommes encore en phase de test and learn.»
Parmi les clients ayant déjà tenté l'expérience, la chaîne de restauration Hippopotamus. Avec un projet pilote sur son restaurant Hippo CNIT La Défense, sur un ciblage horaire précis (10h-13h & 17h30-21h) avec une offre promotionnelle de 20% de réduction sur l'addition.

3.2 LES APPLICATIONS ET SITES MOBILES

Au premier abord, les applications et sites mobiles n'ont pas vraiment pour objet le marketing direct. Elles ont pour principales utilités l'information (sites mobiles) ou encore les transactions (applications mobiles). Néanmoins, avec de l'imagination, un peu d'audace et une clientèle captive et habituée au mobile en tant que média, ils peuvent trouver leur place dans une campagne mobile ou multicanal visant à générer du trafic en points de vente. C'est ce que tend à démontrer l'opération Noël 2009 d'Etam dont le dispositif s’appuyait notamment sur l’envoi de SMS push cliquables aux clients Etam et une campagne publicitaire mobile qui renvoyaient vers le site mobile de la marque. Sur le site mobile, un Jeu concours Carte Cadeau permettait de gagner un lot ou des bons cadeaux à faire valoir en points de vente. Amandine Ameil, Chef de projet Internet d’Etam.com déclare « La campagne mobile a attiré davantage de personnes en points de vente que la campagne papier. L'opération a été une réussite pour nous. »

4 - LA DEONTOLOGIE

Longtemps critiqués pour leurs méthodes intrusives, le marketing et la publicité tentent peu à peu d'assainir la profession au travers de chartes déontologiques. Nouveau venu, le marketing mobile s'est doté d'une déontologie dès ses balbutiements, en conformité avec les règles établies par la CNIL, la loi de modernisation de l'économie (LME) et la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN). Une déontologie qui vaut d'un bout à l'autre de la chaîne du marketing : opérateurs et annonceurs bien sûr, mais aussi les intermédiaires (agences, prestataires techniques). Dans ce cadre, l'opt'in est un prérequis absolu. Seuls peuvent figurer dans les fichiers commerciaux les utilisateurs de téléphonie mobile ayant accepté, lorsqu'ils se sont inscrits à une base de données, de recevoir des sollicitations commerciales ou d'être géolocalisés (lors de l'installation d'une application mobile par exemple). Dans tous les cas, obtenir le consentement du consommateur est une ligne directrice que se sont officiellement fixés les professionnels du secteur.
En outre, et pour prévenir tout débordement, des solutions spécifiques ont été mises en oeuvre par les pouvoirs publics, en particulier pour lutter contre le spam mobile. C'est le cas par exemple du numéro court 33700 qui permet de dénoncer un SMS non désiré en le transférant à ce numéro. De même, comme le lien de désabonnement est obligatoire dans le cadre d'un e-mailing, les fonctions STOP et CONTACT permettent, en répondant au message reçu, de demander la désinscription au service ou de recevoir les coordonnées de la structure émettrice. Avec, toujours en toile de fond, la responsabilisation du marché et surtout le déploiement de campagnes respectueuses du consommateur et sa vie privée.
Source : Les Dossiers du Multimédia Mobile 9 Générer du trafic en points de vente : le mobile au coeur de la relation client

mercredi 1 décembre 2010

LES RESEAUX D’ENSEIGNE EN FRANCE

Depuis une trentaine d’années, les réseaux d’enseignes occupent largement le paysage commercial français. Trois formes de réseaux prédominent dans le commerce de détail : en 2006, 52 % du chiffre d’affaires des réseaux est réalisé par les points de vente possédés en propre par la tête de réseau, 33 % par des membres d’un groupement et 9 % par des indépendants sous contrat de franchise. Certains secteurs commerciaux sont organisés selon une forme de réseau préférentiel : les réseaux intégrés dominent en termes de chiffre d’affaires dans l’aménagement de l’habitat et l’équipement du foyer, tandis que le groupement d’indépendants est majoritaire dans les grandes surfaces alimentaires ; le commerce et réparation automobile fonctionne avec des réseaux de licence de marque. En revanche, les réseaux mixtes franchisés sont présents dans tous les secteurs. Dans la plupart des cas, les têtes de réseaux appartiennent à des groupes de sociétés, confirmant l’imbrication de ces choix d’organisation au sein des circuits de distribution.


Les réseaux d'enseignes occupent le paysage commercial français

Le commerce de détail s’est organisé en réseau pour grouper ses achats, faire de la publicité à l’échelon national, mettre en commun des frais fixes ou des coûts de développement, afin de profiter d’une enseigne reconnue par les consommateurs et de tous les avantages liés à une plus grande taille. Un réseau est généralement repéré par une enseigne commerciale partagée par tous ses membres ; développant des stratégies commerciales propres, ces réseaux réalisent la grande majorité des ventes du commerce de détail et laissent peu de place aux commerces totalement indépendants.
Ces réseaux sont caractérisés par des relations hiérarchiques ou contractuelles entre une unité, dite tête de réseau, et ses membres : par exemple, entre un siège social et ses établissements succursalistes, entre un franchiseur et ses franchisés, entre une coopérative de commerçants indépendants et ses adhérents. Ces relations se limitent parfois à des contrats comme la concession, la commission-affiliation ou la licence de marque .


Un dixième des réseaux concentre 82 % du chiffre d’affaires
Les 455 réseaux suivis dans l’enquête (sources) regroupent 71 000 points de vente qui réalisent un chiffre d’affaires total de 239 milliards d’euros, soit 70 % du chiffre d’affaires du commerce de détail des secteurs couverts. De très grands réseaux, par le nombre de magasins ou le chiffre d’affaires, côtoient des réseaux de taille plus modeste. Ainsi, les 10 % les plus grands réalisent 82 % du chiffre d’affaires des réseaux tandis que les 10 % les plus petits ne totalisent que 3 millions d’euros de chiffre d’affaires (soit 0,001 %). Les plus grands regroupent une moyenne de 466 magasins, les plus petits 23. Les plus grands sont concentrés dans les grandes surfaces alimentaires, alors que les plus petits se retrouvent dans tous les secteurs.
Les 34 réseaux de grandes surfaces alimentaires regroupent chacun une moyenne de 345 magasins, pour un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros par réseau (tableau 1). Les magasins sont eux-mêmes de grande taille. À l’opposé, dans certaines activités, telles l’équipement de la personne (hors habillement et chaussures) ou l’équipement du foyer, les réseaux sont plus petits et les magasins aussi.


Trois grandes formes d’organisation
Trois formes d’organisation prédominent dans le commerce de détail : les réseaux intégrés, où la tête de réseau possède les points de vente en propre, les groupements d’indépendants et les réseaux de franchise (tableau 2).
Lorsque les points de vente appartiennent directement à l’entreprise tête de réseau ou à l’une de ses filiales, on parle de magasins succursalistes ou intégrés ; ces magasins sont juridiquement ou financièrement dépendants de la tête de réseau. Cette forme d’organisation regroupe 31 % des points de vente en réseau et totalise 52 % du chiffre d’affaires total des réseaux.
Près de 24 % des points de vente appartiennent à des entreprises indépendantes qui adhèrent à un groupement ; ces entreprises se regroupent le plus souvent sous forme de coopérative, autour d’une centrale d’achats, afin de bénéficier de conditions d’achats et de services. Elles totalisent 33 % du chiffre d’affaires des réseaux.
Enfin, 16 % des points de vente sont franchisés ; ils appartiennent à des entreprises indépendantes qui bénéficient notamment du savoir-faire et de l’enseigne du franchiseur. Ils représentent 9 % du chiffre d’affaires total.
Ces trois types d’organisation couvrent l’essentiel de l’activité des réseaux (94 % du chiffre d’affaires total). Le reste correspond à des formes contractuelles de faible poids en termes de chiffre d’affaires, mais plus important en nombre de magasins : quelque 30 % de magasins sont soit sous licence de marque, soit concessionnaires ou affiliés à une centrale d’achats.


Un tiers des réseaux a recours à plusieurs types d’organisation

Dans la majorité des réseaux étudiés, le type de relation entre la tête de réseau et ses membres est uniforme. Ces réseaux « purs » représentent 60 % du total tant en chiffre d’affaires qu’en nombre de magasins. Les autres réseaux sont « mixtes », c’est-à-dire que différentes formes d’organisation peuvent coexister au sein d’un même réseau. Le plus souvent ne coexistent que deux formes d’organisation ; une minorité fonctionne avec trois ou quatre formes contractuelles.
Presque tous les réseaux « mixtes » comportent des magasins intégrés. Ces réseaux mixtes sont souvent, en termes de chiffre d’affaires, des réseaux intégrés-franchisés. Ils proposent aux membres du réseau une formule éprouvée dans leurs magasins détenus en propre, qualifiés alors de magasins pilotes. Les réseaux mixtes de franchiseurs comportent souvent une majorité de magasins franchisés et recourent parfois aux contrats de licence de marque ou de concession.

Un type de réseau dominant pour certaines activités

Certains secteurs commerciaux sont orientés sur un type de réseau préférentiel (graphique) : ainsi les réseaux intégrés dominent en termes de chiffre d’affaires dans l’aménagement de l’habitat, l’équipement du foyer et l’équipement de la personne hors habillement et chaussure (maroquinerie, parfumerie...) ; les réseaux majoritairement intégrés dans les autres commerces non alimentaires. Le groupement est dominant dans les grandes surfaces alimentaires, les magasins de culture, loisirs et sports, tandis que les réseaux mixtes fortement franchisés sont les premiers en chiffre d’affaires dans les autres commerces alimentaires. Enfin, le commerce et la réparation automobile fonctionnent avec des réseaux de licence de marque. En revanche, les réseaux mixtes fortement franchisés sont présents dans tous les secteurs.
Cette différence d’implantation explique largement les disparités en termes de chiffre d’affaires moyen. Par exemple, 78 % du chiffre d’affaires des groupements et 74 % du chiffre d’affaires des réseaux mixtes faiblement franchisés proviennent de réseaux de grandes surfaces alimentaires. De même, les réseaux en concession sont concentrés sur deux secteurs : culture-loisirs-sports (41 % de leur chiffre d’affaires) et équipement du foyer (33 % de leur chiffre d’affaires). Les réseaux de licence de marque réalisent les deux tiers de leur chiffre d’affaires dans le commerce et réparation automobile et l’équipement du foyer.


Les groupements, réseaux les plus étendus
Les grandes différences de taille entre les types de réseaux proviennent de la répartition différenciée des organisations de réseaux dans les différents secteurs (tableau 3). Les réseaux organisés en groupement sont les plus étendus, avec 297 points de vente en moyenne, devant les réseaux de licence de marque (202 points de vente en moyenne). Les réseaux mixtes franchisés regroupent de 139 points de vente par réseau en moyenne pour les faiblement franchiseurs à 146 pour les fortement franchiseurs. Les réseaux « purs » intégrés sont les moins étendus, avec une moyenne de 87 points de vente.


Une forte emprise des groupes
La plupart des têtes de réseaux font partie d’un groupe. Il s’agit soit d’une logique production/distribution, dans laquelle un groupe industriel ou de service non commercial met en place un réseau de distribution, soit d’une logique de cohérence de l’enseigne, où un groupe commercial possède plusieurs enseignes, chaque enseigne étant positionnée sur un secteur, une gamme ou une taille de magasin spécifique. Chacune des enseignes peut alors profiter de certaines prestations centralisées au niveau du groupe, comme par exemple recourir à la centrale d’achats du groupe.
Sur les 455 têtes de réseau enquêtées, 372 appartiennent à un groupe ; parmi celles-ci, 87 sont têtes de groupe et 240 font partie d’un contour de groupe, c’est-à-dire sont détenues directement ou indirectement par une tête de groupe (tableau 4). Ainsi, 94 % du chiffre d’affaires total des réseaux sont réalisés par des structures dont la tête appartient à des groupes de sociétés. Pour la plupart des réseaux restants, la tête fait partie d’une mouvance élargie de groupe, c’est-à-dire est liée à des groupes de sociétés mais sans contrôle majoritaire.
Les 455 réseaux recensés ne sont en fait que 330 « groupes de réseaux » (tableau 5). En effet, des têtes de réseaux d’enseignes différentes peuvent appartenir au même groupe. Cette nouvelle approche de calcul donne un écart particulièrement fort pour les grandes surfaces alimentaires et l’aménagement de l’habitat. Ainsi, pour les grandes surfaces alimentaires, le nombre d’acteurs passe de 34 réseaux à 14 groupes de réseaux, et le chiffre d’affaires de 4,5 milliards par réseau à plus de 10 milliards par groupe de réseaux. Cette prise en compte des relations financières qui lient les réseaux les uns aux autres met ainsi en évidence une disparité de taille encore plus grande entre les réseaux.

Julien Fraichard, division Commerce, Insee, Corine Troïa, Insee Midi-Pyrénées